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Bossa Nova                            L'autre nouvelle vague (suite)

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Une courte évocation de l'histoire de la Bossa Nova

"Une musique dans son contexte socio-politique"

Cet enregistrement est un véritable coup de tonnerre. Les tenants de la musique géométrique comme les appelle le critique André FRANCIS n'y trouvent pas leur compte.

Pour les uns, la Samba, musique vénérée, est souillée. Pour les autres, le Jazz perd son âme en se métissant. En fait, ni les uns ni les autres n'ont comprisque la Bossa Nova est justement une musique métisse, enfant de la Samba et du Jazz, dont les lointaines raçines africaines sont les mêmes.


Celui qui chante cette mélodie inoubliable, accompagné par Stan GETZ, c'est Joao Prado Pereira de Oliveira GILBERTO, le troisième larron de la Bossa Nova. La rencontre des chansons de Vinicius DE MORAES et de Tom JOBIM avec la voix et la guitare de Joao GILBERTO a donné une touche finale au style "Bossa Nova". Sa façon très syncopée de jouer de la guitare en pinçant les cordes en une multitude d'accords était si nouvelle

et si difficile qu'au début, il était le seul à pouvoir jouer ce rythme.

Sa voix subtile, en parfaite harmonie avec l'instrument , donne l'impression qu'il murmure une confidence à l'oreille de l'auditeur.

A 82 ans, Joao se produit toujours sur les scènes du monde entier, parfois accompagné par sa fille Isabelle qui mène sa propre carrière sous le nom de Bebel GILBERTO.


Nous connaissons mal la musique Bresilienne que nous réduisons aux rythmes lancinants qui accompagnent les défilés de carnaval. Souvent, nous disons Samba alors que nous entendons de la Bossa Nova. Deux raisons à celà :


- La première tient aux musiciens eux-mêmes qui empoient le mot Samba dans leurs chansons ("Samba Da Bençao" de Vinicius DE MORAES, "Samba De Uma Nota So" de Tom JOBIM ou "Samba Da Minha Terra" de Joao GILBERTO).


- La deuxième est héritée du film Orfeu Negro. Il s'agit de la pièce de théâtre "Orfeu Da Conceiçao" de Vinicius DE MORAES, adaptée pour le cinéma par Marcel CAMUS et tournée à Rio. La musique est signée par Vinicius et Luis BONFA.

Dans le film, nous voyons la Samba, celle du carnaval, mais nous entendons la Bossa Nova

comme "A Felicidade", par exemple :



                   Tristeza a nao tem fim, felicidade sim                  La tristesse n'a pas de fin, le bonheur si

                   A felicidade é como a pluma                              Le bonheur est comme une plume

                   Que o vento vai lebando pelo ar                         Que le vent emporte dans l'air

                   Voa tao leve, mas tem a vida breve                    Elle vole si légère, mais elle a la vie si brève


La Bossa Nova n'est plus seulement une musique Bresilienne, le monde se l'est appropriée.

Vinicius DE MORAES disait "la vie, c'est l'art des rencontres". Rencontres entre les êtres humains, les expériences et les cultures.

Je voudrais évoquer deux de ces rencontres, l'une avec le Jazz, l'autre avec la culture Française.


Jazz et Bossa Nova, la rencontre s'effectua à la fin des années 50 à l'occassion de plusieurs tournées de Jazzmen Américains au Bresil.

Parmi eux, les trompettistes Kenny DORHAM et Roy ELDRIDGE, les saxophonistes Coleman HAWKINS et Zoot SIMS et le guitariste Charlie BYRD.

Ce dernier rapporta un disque de Joao GILBERTO qu'il fit écouter à Stan GETZ.

Ce fut le déclic qui aboutit, en 1964, à l'enregistrement du disque emblématique de cette période, l'album GETZ / GILBERTO.


Depuis, c'est une longue histoire d'amour et de création qui perdure. Aujourd'hui encore, les musiciens de Jazz trouvent une de leurs  sources d'inspiration dans la Bossa Nova.


Entre la Bossa Nova et la musique Française, c'est une autre histoire d'amour. Certes, le film de Marcel CAMUS avait ouvert la voie mais c'est un jeune artiste de Saint Germain des Près, Pierre BAROUH qui a importé la Bossa Nova en France au début des année 60.

Eternel dilettante et génial autodidacte, Pierre BAROUH se rend au Bresil et se lie d'amitié avec le guitariste Baden POWELL.

Il travaille avec lui à l'adaptation Française de chansons Bresiliennes, en particulier "Samba Da Bençao" de Vinicius et Baden, qui devient "Samba Saravah".



                                                                        E melhor ser alegre que ser triste                      Être heureux c’est plus ou moins ce qu’on cherche.
                                                          Alegria e a melhor coisa que existe                     J’aime rire, chanter et je n’empêche
                                                          E assim como a luz no coracao                         Pas les gens qui sont bien d’être joyeux.
                                                          Mas pra fazer um samba com beleza                  Pourtant s’il est une samba sans tristesse,
                                                          E preciso um bocado de tristeza                        C’est un vin qui ne donne pas l’ivresse.
                                                          Senao nao se faz um samba nao                        Un vin qui ne donne pas l’ivresse,             

                                                                                                                             Non ce n’est pas la samba que je veux.

En écoute : Black Orpheus Soundtrack - Eliseth CARDOSO - Manha De Carnaval

Jean-Louis Trintignant Anouk Aimée Pierre Barouh Claude Lelouch
Vinicius & Baden

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